Le fusil ne donnait pas la dimension du mouvement
dans l'espace ; il ne fournissait pas la notion du chemin
exact ou de la distance traversée dans un temps défini.
Cela signifiait que la vitesse du vol ne pouvait pas
être déterminée précisément. Puisque Marey avait déjà
pu enregistrer ces facteurs avec ses machines graphiques,
la machine photographique se devait de fournir au moins
ce minimum, sinon plus..
Les étapes suivantes de Marey sont typiques de son
approche d'un problème. En général on pouvait s'attendre
à ce qu'il voit les aspects d'un instrument qui étaient
réussis, et à ce qu'il les réorganise pour dépasser
les limites de cet instrument, ou à ce qu'il les utilise
pour servir de base à un nouvel instrument. Quelques
fois, s'il ne pouvait pas adapter l'instrument au sujet,
il adaptait le sujet à l'instrument. Dans le cas présent
il fit les deux. Avant de s'attaquer véritablement à
l'appareil photographique, il changea le sujet étudié.
Durant l'été 1882 il abandonna les oiseaux pour un moment,
et utilisa un sujet humain dont les mouvements étaient
moins complexes, plus lents, et, mieux encore, se déroulaient
le long d'une ligne droite et par terre. Puis, avec
un appareil photographique nouveau, il parvint à trouver
un moyen pour exposer à la lumière un segment de la
plaque photographique à la fois, et pour faire correspondre
chaque segment à une phase différente des mouvements
de son sujet. Mais cette fois il le fit sans faire bouger
la plaque.